Exit les carrosseries, bonjour les catwalks ! Le patron charismatique de Renault quitte le secteur automobile pour prendre les rênes du géant du luxe Kering. Une nomination inattendue, qui intrigue autant qu’elle fascine.
L’information est tombée dimanche soir, comme un éclair dans un ciel (pas si) serein : Luca de Meo, 58 ans, quitte la direction générale de Renault pour rejoindre Kering. L’annonce a pris tout le monde de vitesse – y compris les marchés. Le lendemain, la Bourse s’est affolée. L’action Renault plongeait de 8,7 %, tandis que celle de Kering bondissait de près de 12 %.
Un transfert de haute voltige, entre deux mondes que tout oppose en apparence : l’industrie automobile et l’empire du luxe.
Du marketing au storytelling de marques
Et pourtant, le pari a du sens. Luca de Meo n’est pas qu’un ingénieur ou un stratège industriel. C’est avant tout un conteur, un bâtisseur d’image. Dès son arrivée chez Renault en 2020, il avait su ressusciter l’âme de la marque avec une vision claire, mêlant design, héritage et modernité. Un savoir qui n’a pas échappé à François-Henri Pinault, président de Kering, en quête de nouveau souffle pour ses maisons, à commencer par Gucci.
Car le groupe Kering traverse une zone de turbulence esthétique et financière. Après une année 2024 marquée par une chute libre des résultats, les ventes ont encore reculé de 14 % au premier trimestre 2025. Gucci, sa locomotive, semble dérailler.
Une prise de guerre symbolique
En attirant de Meo, Kering joue la carte du choc des cultures. Le luxe industriel est de plus en plus courant – LVMH et Apple flirtent déjà depuis longtemps. Mais c’est la première fois qu’un capitaine d’industrie quitte une grande maison automobile pour piloter un paquebot du luxe.
Son arrivée acte aussi une rupture discrète mais profonde : le luxe n’est plus uniquement une affaire de créatifs et de maisons centenaires, mais aussi de stratégie, d’expérience client, et de récit de marque. Et qui mieux qu’un homme qui a su redorer le losange pour réinventer le double G ?
Fin d’un cycle, début d’un autre
Chez Renault, le départ de De Meo laisse un vide. Il incarnait une forme de renouveau, après les années troubles de l’ère Ghosn. Il quitte également une alliance avec Nissan en pleine recomposition. Son départ s’ajoute à celui de Jean-Dominique Senard, parti récemment du conseil d’administration du groupe japonais.
Mais chez Kering, c’est une promesse. Celle d’un luxe repensé, rationnalisé, internationalisé. Et peut-être plus visionnaire. Dans un monde où les maisons de mode se cherchent, le flair d’un homme qui sait raconter des histoires – et faire grimper les chiffres – pourrait bien devenir l’atout le plus tendance de 2025.