L’artiste et réalisateur britannique Steve McQueen présente jusqu’au 26 mai 2025 une installation sonore monumentale à la fondation Dia Beacon, dans l’État de New York. Un projet immersif et sensoriel, construit autour de la basse comme instrument de mémoire.
À la Dia Beacon, centre d’art contemporain emblématique de la vallée de l’Hudson, une œuvre peu ordinaire attend les visiteurs. Dans un sous-sol de 2 800 m², Steve McQueen, célèbre pour ses films (12 Years a Slave, Oscar du meilleur film en 2014) et ses installations engagées, propose une expérience auditive et physique inédite : Bass, un concerto de fréquences basses joué… sans musiciens.
Trois ensembles d’enceintes monumentales diffusent des enregistrements réalisés sur place par cinq bassistes de renom : Marcus Miller, Meshell Ndegeocello, Aston Barrett Jr., Laura Simone Martin et Mamadou Kouyaté. Disposées à la place exacte des interprètes, ces enceintes reconstituent leur présence, sans les montrer. Résultat : un concert fantôme où les vibrations l’emportent sur la mélodie.
Ce ne sont pas des sons que l’on écoute, ce sont des fréquences que l’on ressent
explique un membre de la fondation.
Dès l’entrée dans l’espace, le sol semble trembler, le corps réagit. La lumière, diffusée par soixante panneaux installés au plafond, change subtilement, sans que l’œil ne puisse capter de transformation précise.
L’installation s’inscrit dans une réflexion plus large de Steve McQueen sur le son, déjà centrale dans ses précédents travaux audiovisuels. Avec Bass, il approfondit sa démarche :
Ce projet est une manière de raconter l’histoire de la diaspora africaine à travers un instrument. La basse devient la voix d’un voyage forcé, celui du passage du milieu
a-t-il expliqué en amont de l’exposition.
Chaque musicien apporte sa propre histoire : le funk et le jazz pour Marcus Miller, les racines jamaïcaines pour Aston Barrett Jr., la basse n’goni traditionnelle malienne pour Mamadou Kouyaté, disparu en 1991 mais “ramené” ici grâce à des enregistrements anciens. La plus jeune du groupe, Laura Simone Martin, âgée de 19 ans, incarne la relève d’un instrument longtemps relégué à l’arrière-scène.
Bass ne propose pas de début, ni de fin. L’œuvre tourne en boucle, sans repère narratif. Le visiteur est libre de circuler, de s’arrêter, de s’immerger. Une expérience contemplative et méditative, à la fois abstraite et profondément politique.
Steve McQueen • Bass Exposition visible jusqu’au 26 mai 2025 à la Dia Beacon (New York). Une exposition parallèle se tiendra à la Galerie Marian Goodman, à Paris, du 24 mai au 25 juillet 2025. Plus de renseignements sur diaart.org