La dernière campagne Prada ne s’admire pas. Elle se suit. Littéralement. Intitulée Prada Motion Pictures, elle préfère les trajectoires aux postures, les silhouettes en marche aux mannequins figés, et les souffles collectifs aux égos isolés. Miuccia Prada et Raf Simons signent ici une ode au mouvement — celui des corps, des tissus, et, accessoirement, d’une époque qui ne tient plus en place.
Ici, pas de regard caméra, pas de pause dramatique, pas de grand discours : juste des gens qui avancent. Et ce n’est pas anodin. Car ce que met en scène la campagne, ce n’est pas seulement une nouvelle collection, mais une vision de la mode débarrassée de l’artifice. Une mode qui respire, qui vit, qui marche comme tout le monde — sauf qu’elle le fait en Prada.
Le dispositif visuel évoque autant le documentaire urbain que le ballet contemporain. Des groupes d’individus traversent le cadre comme on traverse une ville à 8h30 du matin, sauf que tout est ralenti, stylisé, et sublimement bien habillé. Les vêtements — manteaux amples, costumes revisités, textures techniques — prennent forme en se déformant, portés par des corps qui ne posent pas, mais qui existent. L’élégance, ici, est en transit.
Un détail : personne ne semble savoir où il va. Et c’est peut-être ça, le message. Ce n’est plus la destination qui compte, mais l’élan. Le mouvement collectif comme antidote à l’obsession du « je ». Le style comme une trajectoire, pas une vitrine.
Est-ce encore une campagne de mode ? Ou un manifeste visuel sur la beauté des déplacements anonymes ? On s’en fout. Prada brouille volontairement les pistes. Et rappelle au passage qu’on peut encore parler de vêtements sans les figer. Ni les sacraliser.
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