Depuis le 13 mai, une file de visiteurs patiente devant une enseigne lumineuse et un videur virtuel. Non, ce n’est pas l’entrée d’un club branché, mais celle de l’exposition CLUBBING, au Grand Palais Immersif. Jusqu’au 1er octobre, ce lieu parisien se métamorphose en dancefloor numérique pour retracer l’histoire planétaire des cultures nocturnes.
Conçue par l’artiste Pierre Giner, en collaboration avec le collectif graphique Trafik et le média Poptronics, cette exposition immersive entend dépasser les clichés sur la fête.
CLUBBING n’est pas un musée du dancefloor, c’est une œuvre collective et vivante
insiste Pierre Giner.
Une installation participative où les visiteurs deviennent les acteurs d’un récit en perpétuel mouvement.
Sur 1 200 m², le public est invité à déambuler à travers des installations sensorielles, des projections interactives et des archives sonores retraçant un demi-siècle de nuits électrisées. Des clubs mythiques comme le Studio 54, le Palace, le Trésor ou le Berghain défilent en sons et en images. À chaque espace, une ambiance : house, techno, disco, gabber, voguing ou hip-hop.
Ces lieux ont été des laboratoires sociaux et esthétiques, explique le sociologue Arnaud Idelon, présent dans l’exposition. Des espaces où se sont inventées d’autres manières d’être ensemble.

L’expérience immersive au cœur du dispositif
Plus qu’un simple regard en arrière, CLUBBING propose une plongée active dans la fête. À l’entrée, chaque visiteur crée un avatar stylisé par Maroussia Rebecq (Andrea Crews), avant de se lancer sur un dancefloor numérique, au rythme de sets de FG ou des archives de la radio RINSE.
Une pièce attire particulièrement l’attention : le “Berghaintrainer”, un simulateur d’entrée au mythique club berlinois. Face à un videur généré par intelligence artificielle, chacun doit répondre à trois questions. Attitude, voix, posture : tout est analysé. Une manière ludique d’explorer les mécanismes d’inclusion et d’exclusion propres à la nuit.

Témoignages et créations artistiques
CLUBBING rassemble aussi une mosaïque de voix – DJs, activistes, chercheurs – qui racontent leur nuit, leur club, leur époque. Parmi eux, Etienne de Crécy, Patrick Vidal, ou encore Seb 69DB (Spiral Tribe), témoins d’une époque où le clubbing rimait aussi avec engagement et transgression.
Côté installations, l’exposition fait appel à plusieurs artistes contemporains. “Espectres”, du collectif Playmodes, transforme la lumière en son. “Stropboscope”, de Bruno Ribeiro, rend hommage aux raves par un ballet de projecteurs. Quant à “Release”, signé Smith & Lyall, il inverse le rapport habituel entre musique et image : ici, la danse génère le son.
Le club comme miroir de la société
CLUBBING rappelle à quel point les cultures de la nuit ont été des refuges pour les marges : LGBTQ+, minorités racisées, artistes en rupture. La présence de RINSE, radio née dans les sous-sols londoniens, rappelle que le clubbing n’est pas seulement une affaire de lieux mais aussi d’ondes, de fréquences, de communauté.
Le club est une micro-société
conclut Pierre Giner. Un endroit où l’on teste d’autres possibles, d’autres rythmes, d’autres identités. CLUBBING célèbre cette puissance de la nuit à réinventer le jour.
CLUBBING – Grand Palais Immersif, Paris. Jusqu’au 1er octobre 2025. Exposition immersive et participative – Tous publics. Plongez dans l’univers sonore des clubs mythiques de l’exposition CLUBBING avec les playlists signées Patrick Vidal. Informations sur les horaires et billets sur grandpalais-immersif.fr