Avec son nouveau single Crash, le producteur breton Darzack amorce un virage introspectif, loin des BPM affolés des clubs.
Pendant près de dix ans, Darzack s’est taillé une solide réputation sur la scène électronique française et européenne. Percussionniste survolté, amateur de textures brutes et de rythmes martelés, il enchaîne festivals (Solidays, Piknic Électronik, Panoramas), clubs emblématiques (dont une résidence au Rex Club) et sorties taillées pour le dancefloor. Pourtant, le musicien de 25 ans opère aujourd’hui un virage radical. Le 6 mai dernier, il a sorti Crash, un nouveau single qui marque une rupture nette avec ses productions antérieures.
Exit la techno frontale et les ambiances industrielles. Avec Crash, Darzack (de son vrai nom Théo Rocca) ouvre un chapitre plus sensible, presque méditatif, nourri d’influences ambient, trip hop et IDM. Le morceau — ainsi que les trois autres titres qui composent ce mini-projet — dévoile un travail soigné autour du détail sonore : textures modulaires, harmonies en clair-obscur, constructions rythmiques complexes mais jamais démonstratives. On pense à Boards of Canada, à Aphex Twin dans ses moments contemplatifs, ou à l’univers cinématographique de Massive Attack.

Ce tournant n’est pas un coup de tête. Il s’inscrit dans un cheminement personnel que l’artiste, originaire de Bretagne, prépare depuis plusieurs années. “Je voulais sortir des formats figés du club, m’éloigner de la recherche constante d’efficacité”, confie-t-il en marge d’un concert donné à La Boule Noire à Paris, le 15 février dernier. Cette performance, intimiste et immersive, a servi de laboratoire public à sa nouvelle orientation artistique.
Né dans une famille où l’art est omniprésent — un père acteur, une mère maquilleuse de cinéma — Darzack grandit au rythme des cours de batterie, de piano, de chant, avant de plonger très jeune dans la production électronique. À 15 ans, il commence à créer ses propres morceaux. Rapidement, ses lives impressionnent par leur intensité. Mais derrière l’énergie, une quête plus profonde : celle d’un son personnel, hybride, toujours en mouvement.
Ce projet voit le jour sous l’égide du label Airfono, structure atypique dirigée par Julien Princiaux, dont la ligne éditoriale se définit moins par un genre que par une exigence : « Faut que ça joue. » Chez Airfono, le jazz côtoie la techno, l’ambient dialogue avec le hip-hop old school, et les projets naissent souvent de rencontres improbables entre musiciens venus d’univers opposés. Darzack s’y intègre naturellement.
Avec Crash, il ne renie rien de son passé. Il l’approfondit. Il y injecte une forme de mélancolie, de lenteur, voire de doute, rarement compatibles avec les cadences des clubs. Mais c’est peut-être là que se joue l’essentiel : dans ce geste de ralentissement, d’attention accrue, Darzack signe l’un de ses projets les plus aboutis à ce jour.
Darzack – Crash. Sortie le 6 mai 2025. Label : Airfono / Inouïe Distribution. En format : digital uniquement. Attention : Prochains concerts : 3 octobre et 21 novembre 2025 – Boule Noire, Paris. Plus de renseignements sur darzack