La chanteuse américaine Erykah Badu travaille actuellement sur un nouvel album en collaboration avec le producteur The Alchemist. Un projet attendu, huit ans après sa dernière sortie musicale.
Vingt-huit ans après la sortie de Baduizm, album fondateur de la nu-soul, Erykah Badu s’apprête à revenir sur le devant de la scène. D’après les informations du magazine Billboard, la chanteuse prépare un nouvel opus en collaboration avec The Alchemist, figure majeure du hip-hop indépendant américain. Une annonce qui suscite un vif intérêt tant les univers des deux artistes, bien que très différents, partagent une même exigence artistique et une approche artisanale de la musique.
Depuis But You Caint Use My Phone en 2015, mixtape conceptuelle sur l’addiction au téléphone, Erykah Badu s’est faite discrète sur le plan discographique. Mais sa présence continue de marquer la culture contemporaine : apparitions scéniques, lives expérimentaux diffusés en ligne pendant la pandémie, collaborations inattendues… L’artiste texane, âgée de 54 ans, reste une figure centrale d’un courant musical qu’elle a contribué à faire émerger : la nu-soul, cette fusion de soul, jazz, hip-hop et spiritualité née dans les années 1990.

The Alchemist, architecte du hip-hop atmosphérique
Côté production, le choix de The Alchemist intrigue et séduit. Connu pour ses collaborations avec Mobb Deep, Freddie Gibbs ou Kendrick Lamar, le producteur californien développe depuis plusieurs années une esthétique minimaliste et introspective. Entre samples poussiéreux, textures granuleuses et ambiances lo-fi, son style tranche avec les codes du R’n’B contemporain. Sa rencontre avec Erykah Badu pourrait donner naissance à un projet singulier, entre groove mystique et beats brumeux.
Héritage et avant-garde
Erykah Badu n’est pas seulement une chanteuse. Elle incarne une vision de la musique comme vecteur d’identité, d’émancipation et de mémoire. Influencée par Billie Holiday autant que par le hip-hop, elle a imposé une voix, un style, et une pensée. Derrière ses performances parfois déroutantes — comme lors de son passage au festival We Love Green en 2019 — se cache une volonté de réactiver les rituels, les récits afro-descendants et les dimensions spirituelles de la musique noire américaine.
Avec six albums à son actif et de nombreux alias — Fat Belly Bella, Sara Bellum ou encore Analogue Girl in a Digital World — Erykah Badu s’est construite un mythe personnel, entre poésie urbaine et ésotérisme assumé. Elle a également multiplié les engagements politiques, notamment à travers sa fondation B.L.I.N.D., ou dans ses prises de position contre les violences policières.
Une attente nourrie par la rareté
L’album à venir, dont ni la date de sortie ni le titre n’ont encore été révélés, s’annonce comme un retour majeur. La rareté des productions de Badu ne fait qu’accentuer l’intérêt du public et des critiques. À une époque où les sorties se multiplient à un rythme effréné, la chanteuse continue d’imposer son propre tempo. Et sa propre vision : celle d’une musique libre, incarnée, et résolument hors format.
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