Mugler, Gucci, Chanel, Versace… Depuis un an, les plus grandes maisons de mode se livrent à une partie endiablée de chaises musicales. Les directeurs artistiques valsent, les studios tournent, les rumeurs s’emballent. On ne sait plus qui crée pour qui, qui part, qui reste, qui revient, et qui — surtout — va réussir à tenir plus de deux saisons. Bienvenue dans le Fashion Circus.
« Tu pars, je reviens, il remplace, on vire »… Tout a commencé comme dans un bon soap italien. Un matin de mars 2024, Pierpaolo Piccioli quitte Valentino après 25 ans de loyaux services. À partir de là, l’industrie s’est transformée en télénovela dopée à l’adrénaline et au lin lavé. Exit les transitions douces et les adieux larmoyants, ici, on claque la porte, on rebondit, on change de maison comme on change de sac à main.
Et ce mercato — terme piqué au foot et tout à fait adapté — ne connaît ni pause, ni repos. C’est un véritable feu d’artifice de nominations et de départs, à tel point qu’il faudrait une carte Pokémon pour suivre les évolutions de chacun.
Mugler : un adieu américain, un bonjour portugais
Casey Cadwallader a rendu les clés de la maison Mugler. Exit les bodys sculptés, place à Miguel Castro Freitas, nouveau boss venu tout droit du cercle très privé des studios cultes (Dior, YSL, Lanvin…). Inconnu du grand public, mais respecté comme un chef triplement étoilés en backstage. Mugler change de peau, mais pas d’attitude. Toujours plus pointu, toujours plus futuriste.

Loewe : Proenza Schouler à la rescousse
Jonathan Anderson quitte Loewe… et là, double surprise : ce sont Jack McCollough et Lazaro Hernandez, le duo chic de Proenza Schouler, qui prennent la relève. Ils ferment leur propre maison new-yorkaise (snif), et débarquent chez Loewe comme deux profs de mode arty à la rentrée des classes. De l’intellectuel, du minimal, et sûrement des accessoires qui deviendront cultes avant même d’être produits.

Gucci : Demna sort de Balenciaga pour y entrer
Un peu comme si Lady Gaga rejoignait Beyoncé pour remplacer Madonna. Demna quitte Balenciaga pour atterrir chez Gucci, après le départ express de Sabato de Sarno. Le créateur géorgien promet déjà une Gucci plus weird, plus politique, plus « même-friendly ». Côté Balenciaga, c’est Pierpaolo Piccioli (remember ?) qui prend le relais, pendant qu’Alessandro Michele file chez Valentino. Oui, un vrai Rubik’s cube.

Versace : Donatella, ciao bella !
Après avoir fait rimer Versace avec glamour et décolleté plongeant, Donatella Versace tire sa révérence. Elle devient ambassadrice de la maison (comprendre : elle reste dans les soirées, mais sans les réunions RH). C’est Dario Vitale, styliste discret mais expérimenté, qui prend la barre. Un changement stratégique, surtout quand on apprend que Prada s’apprête à racheter Versace. Oui, vous avez bien lu.

Chanel recrute Matthieu Blazy (et le monde approuve)
Après le départ presque obligatoire de Virginie Viard, Chanel avait besoin d’un profil solide, chic, sans drame. Bingo ! Matthieu Blazy, ex-Bottega Veneta, prend la suite. Un créateur élégant, discret, au goût sûr… pile ce qu’il faut pour remettre un peu de mystère sous les camélias.

Sarah Burton débarque chez Givenchy, et boooum !
Après une standing ovation chez Alexander McQueen, Sarah Burton prend les rênes de Givenchy. Premier show à Paris : succès critique. Elle succède à Matthew Williams, et ramène de l’émotion, du tailleur bien coupé, et un zeste de romantisme noir à la maison fondée par Hubert.

Et sinon… Kim Jones quitte Dior homme (what?!)
L’annonce a fait l’effet d’un micro tremblement de terre. Kim Jones quitte Dior Homme, après avoir dépoussiéré la silhouette masculine. La suite ? Mystère. Pour l’instant, il est en « pause créative », comprendre : il réfléchit à quel trône grimper ensuite.
Les autres twists :
Louise Trotter reprend Bottega Veneta (et on a hâte). Glenn Martens, l’enfant terrible de Diesel, débarque chez Maison Margiela (mouai). Michael Rider succède à Hedi Slimane chez Celine. Mark Thomas (ex-Lacoste) prend la tête de Carven. Simone Bellotti (ex-Bally) arrive chez Jil Sander. Et Proenza Schouler ? En pause, ou au cimetière des labels cultes ? On ne sait pas encore…
Une industrie sous haute tension
En résumé ? C’est le chaos. Créatif, stratégique, parfois émotionnel. Les maisons veulent se réinventer, les designers veulent plus de liberté, et tout le monde veut survivre dans un monde saturé de défilés, de drops et d’algorithmes. Mais ce joyeux bordel est peut-être une bénédiction. Il remet en jeu les codes, secoue les habitudes, et ouvre la porte à de nouvelles narrations. Bref, la mode fait sa mue.





