C’est une silhouette discrète, les idées bien claires et les mains plongées dans la matière. Depuis Anvers, Meryll Rogge a construit sa trajectoire pas à pas, en filigrane, loin des effets de manche, mais toujours avec une intensité certaine. Le 15 juillet dernier, la créatrice belge a été officiellement nommée directrice créative de Marni, la maison italienne fondée par Consuelo Castiglioni il y a un peu plus de trente ans.
Derrière cette nomination, il y a une intuition partagée : celle d’une affinité élective entre l’univers polymorphe de Marni — couleurs en désordre maîtrisé, coupes affutées, touches de bizarrerie cultivée — et celui, singulier et déjà affirmé, de Meryll Rogge. Entre les deux, une même conviction : que le vêtement peut être un jeu, mais jamais un hasard.
Depuis ses débuts, Meryll Rogge façonne une grammaire personnelle, entre superpositions inventives, tricot spectaculaire et tailleurs au bord de l’abstraction. Le tout dans une palette qui oscille entre douceur pop et tension chromatique.
Chez Marni, elle trouvera un terrain d’expression idéal. À l’époque, Consuelo Castiglioni décrivait la femme Marni comme “celle qui aime expérimenter les formes, les matières et les couleurs.” On pourrait dire exactement la même chose de celle qui lui succède aujourd’hui.
Meryll Rogge partage avec Marni cette obsession du déséquilibre juste, de l’association risquée qui, soudain, fait sens. C’est peut-être cela qui a séduit Stefano Rosso, PDG de Marni, qui évoque une “vision créative qui jouera un rôle clé dans l’avenir de cette marque exceptionnelle.”
Ascension méritée, avenir ouvert
Depuis la création de sa marque en 2020, Meryll Rogge n’a cessé de monter, tranquillement mais sûrement. Chaque collection a renforcé sa place dans le paysage mode international : demi-finaliste du LVMH Prize, finaliste du Woolmark Prize 2025, designer de l’année aux Belgian Fashion Awards, et tout récemment, lauréate du Grand Prix de l’ANDAM. Un palmarès qui parle moins de hype que de constance, de travail, de progression méthodique.
Une victoire sous le signe de la persévérance
confiait-elle récemment, dans un souffle, après avoir remporté l’ANDAM.
La suite semble à l’image de cette déclaration : concentrée, résolue, fluide.
Un héritage en mouvement
Ce qui s’ouvre aujourd’hui pour Marni est une translation. Meryll Rogge ne vient pas réinventer la roue : elle vient faire tourner une nouvelle orbite autour d’un noyau déjà solide. Celui de Marni, cette maison à l’élégance doucement dissonante, qui parle à celles et ceux que la mode intrigue plus qu’elle ne rassure.





