Le « greige », contraction de « grey » et « beige », s’impose aujourd’hui comme la couleur phare des collections de mode et des intérieurs haut de gamme. Mais derrière ce terme tendance se cache une histoire méconnue et une signification bien plus profonde qu’un simple mélange de teintes.
Le mot « greige » trouve son origine dans le français « grège », qui désigne la soie brute, naturelle, avant tout traitement. Cette matière, d’un beige clair mêlé de gris, donne à la couleur son identité singulière. Pourtant, c’est surtout dans les années 1980 que le « greige » commence à apparaître dans les créations de grands couturiers, à l’instar de Giorgio Armani, qui l’utilise pour ses qualités neutres et intemporelles.
Aujourd’hui, le « greige » est devenu le symbole d’un luxe discret, le « quiet luxury », qui s’oppose au maximalisme flamboyant des années 2000. Sur les podiums d’Alaïa, Balmain ou Calvin Klein, et sur les réseaux sociaux via le hashtag #greigecore, cette teinte subtile reflète une esthétique épurée, minimaliste et sophistiquée. La série Succession a également contribué à populariser ce coloris, porté par le personnage de Shiv Roy, incarnée par Sarah Snook.
Le succès du greige s’explique par son côté « non-couleur », difficile à définir mais facilement identifiable par les connaisseurs. Ce choix chromatique est devenu un marqueur social et esthétique, incarnant un snobisme silencieux réservé aux initiés.
Phoebe Philo, à travers son travail chez Céline, a aussi largement contribué à cette esthétique du raffinement discret. En 2024, Giorgio Armani lui a même dédié une collection entière, soulignant l’importance de cette teinte dans l’histoire récente de la mode. Plus qu’une couleur, c’est un véritable phénomène culturel qui redéfinit les codes du chic contemporain.