Objet de régression ou nouveau symbole de statut ? Le phénomène Labubu, peluche aux dents pointues et à la popularité fulgurante, s’impose comme l’accessoire incontournable de l’été 2025. De Rihanna à Lisa des BLACKPINK, en passant par TikTok, tout le monde semble succomber à son charme espiègle.
Elles s’accrochent aux sacs de luxe, apparaissent dans les stories de stars mondiales et créent l’événement à chaque mise en vente. Ces petites figurines pelucheuses, aux grandes oreilles et au sourire carnassier, s’appellent Labubu. Nées dans l’univers fantaisiste de l’artiste hongkongais Kasing Lung, elles sont devenues en quelques mois l’objet fétiche d’une génération.
Popularisé par Pop Mart, géant chinois du jouet de collection, le personnage Labubu a fait ses débuts en 2015, mais c’est véritablement depuis 2024 qu’il connaît une ascension fulgurante. Son visage enfantin, entre douceur et bizarrerie, a séduit la génération Z, toujours prompte à transformer un objet mignon en totem identitaire.
Labubu, c’est un concentré de nostalgie et de singularité
analyse Clara Léonard, consultante en tendances culturelles.
Il combine le souvenir des doudous de l’enfance avec une dimension arty et une forte personnalité visuelle. C’est l’équation parfaite pour les réseaux sociaux.
De la boîte surprise au sac à main
Le principe de base est simple : chaque Labubu est vendu dans une boîte fermée — une « blind box » — qui ne révèle son contenu qu’une fois ouverte. Ce mode de distribution, combiné à des séries limitées, crée une forme de suspense proche de celui des jeux d’argent. L’expérience de l’unboxing, très partagée sur TikTok et Instagram, ajoute une couche virale au phénomène.
Ce format aveugle stimule la dopamine
explique un sociologue spécialisé dans les objets culturels.
C’est le même mécanisme qu’un tirage de cartes ou une loterie.
Labubu s’inscrit dans une tendance plus large : celle des jouets pour adultes, souvent appelés kidults. De Sonny Angels aux Squishmallows, ces objets mignons ou absurdes rencontrent un public de jeunes adultes qui cherchent à allier régression assumée et culture visuelle pointue. Avec son design entre peluche kawaii et monstre gothique, Labubu coche toutes les cases.
Un phénomène propulsé par les stars
Le basculement dans la sphère mode s’est opéré avec le soutien de plusieurs célébrités influentes. En 2025, Rihanna a été aperçue portant un Labubu attaché à son sac Louis Vuitton. Dua Lipa, Emma Roberts, ou encore Lisa du groupe BLACKPINK ont rapidement suivi. Sur Instagram et TikTok, chaque apparition est scrutée, commentée, imitée.
Résultat : les modèles les plus rares s’arrachent en quelques minutes. Sur des plateformes comme eBay ou StockX, certains exemplaires se revendent à plusieurs centaines d’euros, parfois plus. Selon StockX, la série Big Into Energy a même surpassé la demande d’objets tech comme la PlayStation 5, une première pour un jouet non électronique.
Un jouet, une communauté
Derrière l’objet, une communauté très engagée s’est constituée. Sur Discord, Reddit ou Telegram, les fans échangent bons plans, identifient les modèles contrefaits et organisent des échanges. Certains forums comptent plusieurs dizaines de milliers de membres.
Ce n’est pas juste une mode, c’est un réseau social informel
observe Marie Chen, spécialiste de la consommation collaborative.
L’objet devient un prétexte à l’échange, à la reconnaissance mutuelle.
Un miroir de notre époque ?
À travers son succès, Labubu reflète les codes culturels d’une époque : quête de confort affectif, esthétisation de l’enfance, économie de la rareté et désir d’appartenance. En mélangeant storytelling, marketing émotionnel et esthétique pop, Pop Mart a réussi à créer plus qu’un produit : un symbole générationnel.
Mais l’engouement n’est pas sans critiques : prix exorbitants, frustration liée aux stocks limités, copies en circulation… L’objet mignon est aussi un produit de consommation millimétré, qui répond aux logiques d’un capitalisme de l’affect.
Reste à savoir si Labubu survivra à la tendance ou s’il s’ancrera durablement dans la culture pop comme un emblème de cette décennie. En attendant, il s’invite dans les sacs les plus luxueux de la planète. Et il n’a pas fini de sourire.
