Il y a des écoles de mode qui forment. Et puis il y a l’University of Westminster, qui embarque ses diplômés sous le bras et les dépose directement au cœur de la Fashion Week milanaise. Le mois dernier, les étudiants du célèbre cursus mode de l’Université de Westminster ont prouvé qu’ils ne se contentent pas de faire leurs preuves à Londres : ils ont aussi décidé de secouer les ruelles impeccablement lustrées de Milan.
Tout avait pourtant commencé dans un cadre on ne peut plus local : l’Ambika P3, une salle d’exposition nichée dans le quartier Marylebone, à deux pas du brouhaha londonien. C’est là que trente jeunes diplômés du BA Fashion Design ont lâché prise sur toute notion de sobriété. Entre les robes agbada sérigraphiées d’or de Paris Williams Otuyelu, les expérimentations sportivo-bucoliques d’Azeika Nelson ou les pièces monumentales inspirées du folklore irlandais par Rebecca Halpenny, la scène ressemblait moins à un défilé classique qu’à une explosion de mondes parallèles, tous vêtus de tissus travaillés jusqu’à l’obsession.
Mais très vite, la créativité a décidé de prendre le large. Direction Milan, ses spritz amers et son culte du tailoring. Pour la première fois, l’Université a monté un showroom à l’occasion de Milano Moda Uomo. Sur place, les étudiants du MA Menswear ont investi l’espace comme une scène de théâtre, alternant les influences brutalistes, organza translucide, silhouettes gonflées façon bulles de savon, et survêt’ pastel venus du futur. Loin des clichés d’un classicisme rigide, la mode britannique s’y est affichée en contrepoint, libre et déroutante, comme un accent anglais dans un opéra italien.






En parallèle, l’University of Westminster a organisé une série de discussions un brin conceptuelles, mais toujours bien ficelées. Il y fut question de l’éducation britannique, de la place des créateurs anglais à l’échelle mondiale, mais aussi — et surtout — d’un certain Lee McQueen. L’exposition « Cut from a Different Cloth » retraçait le lien du regretté designer avec l’art du tailleur, de ses débuts chez Romeo Gigli aux premières créations signées de son nom. Les étudiants y ont ajouté leur grain de sel en réinterprétant à leur manière l’héritage de McQueen, sans nostalgie, mais avec une liberté revendiquée.
Ce détour milanais, à mi-chemin entre performance de mode et exercice académique, a révélé quelque chose de plus profond qu’un simple échange Erasmus de luxe. Il a montré que l’University of Westminster, au-delà d’une école, est une fabrique d’imaginaires, capable d’infiltrer les bastions les plus solides de la mode européenne. Avec du tulle, du latex, des souvenirs d’enfance, et parfois, une bonne paire de baskets.
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