Depuis plus de cinquante ans, la Stan Smith d’Adidas traverse les décennies sans jamais se démoder. Symbole de sobriété et d’élégance décontractée, elle continue de séduire un public large, bien au-delà des terrains de tennis.
C’est une silhouette familière. Cuir blanc, perforations latérales, talon vert ou marine. La Stan Smith, sneaker emblématique d’Adidas, s’impose depuis plus de cinquante ans comme un incontournable du vestiaire contemporain. Alors que les tendances chaussures évoluent à grande vitesse, elle semble résister, immuable.
Le 19 mai dernier, la nomination de Pierpaolo Piccioli à la tête de Balenciaga a relancé l’intérêt pour cette chaussure mythique. Sur la photo diffusée pour officialiser sa prise de fonction, l’ex-directeur artistique de Valentino apparaît en tenue décontractée : t-shirt blanc, jean brut… et Stan Smith aux pieds. Une image sobre, mais porteuse d’un message clair : certains classiques ne se discutent pas.

Une histoire née sur les courts
Conçue en 1964 à destination du tennisman français Robert Haillet, la sneaker est rebaptisée en 1973 en l’honneur de l’Américain Stan Smith, alors figure montante du tennis mondial. Ce changement de nom, conjugué à une stratégie de distribution globale, propulse le modèle au rang de succès commercial. Dès les années 1980, la Stan Smith dépasse le cadre du sport et entre dans la culture populaire.

Une chaussure universelle
Des podiums aux bancs d’école, la Stan Smith a conquis un public large et diversifié. Phoebe Philo, ancienne directrice artistique de Céline, a contribué à sa redécouverte au début des années 2010, en apparaissant à plusieurs reprises chaussée de la célèbre basket. Des personnalités comme Barack Obama ou Gisele Bündchen l’ont également portée publiquement, contribuant à renforcer son statut d’icône.
Selon plusieurs analystes du secteur, c’est précisément cette capacité à se fondre dans tous les styles qui garantit sa longévité.
Elle incarne une forme d’élégance discrète. On peut la porter avec un costume, un jogging ou une robe, sans jamais jurer
note une styliste interrogée par Le Monde.
Une stratégie maîtrisée
Du côté d’Adidas, le maintien de la Stan Smith dans l’offre permanente repose sur une stratégie bien rodée. L’entreprise relance régulièrement le modèle via des collaborations (avec Raf Simons, Disney ou Stella McCartney), tout en préservant la version classique. Une approche qui permet d’allier innovation et fidélité au design d’origine.
En 2012, la marque avait même brièvement interrompu la production du modèle, avant de le relancer deux ans plus tard, suscitant un regain d’intérêt. Résultat : plus de 100 millions de paires vendues depuis sa création, selon les chiffres d’Adidas.
L’anti-tendance par excellence
Dans un paysage dominé par les sneakers massives et les coloris audacieux, la Stan Smith fait figure d’exception. Trop simple pour être tendance, mais justement assez simple pour ne jamais passer de mode. Elle ne crie pas, ne cherche pas à impressionner. Elle s’impose en silence.
Le geste de Pierpaolo Piccioli chez Balenciaga ne relève donc pas du hasard. En chaussant une paire de Stan Smith, il semble indiquer qu’au-delà du prestige et de l’innovation, l’élégance peut aussi résider dans la permanence. Une manière de rappeler que certaines pièces n’ont pas besoin de réinvention pour rester actuelles.