Il y a des anniversaires discrets, et puis il y a ceux que l’on célèbre à grand renfort de chefs étoilés, de pièces montées vertigineuses et de drones qui dessinent des devises dans le ciel. L’Oustau de Baumanière, institution mythique perchée dans les Alpilles, a choisi la deuxième option pour souffler ses 80 bougies.
À Baumanière, on ne fête pas seulement le temps qui passe. On célèbre l’art de recevoir, l’histoire d’une maison familiale devenue légende, et une certaine idée de la France : solaire, raffinée, à peine insolente. Plus de 250 invités, 37 chefs étoilés, quelques célébrités bien senties (Jean Reno, Charlotte Gainsbourg, François-Régis Gaudry…) ont répondu à l’appel de Jean-André Charial et de son épouse Geneviève. La Provence a ses courtisans, et ils sont venus en nombre.
La journée avait commencé par un pique-nique. Mais attention, pas un pique-nique de randonneur. Ici, les légumes sont mis en scène comme au théâtre, l’anchoïade se savoure en trois mouvements, et les grillades dansent sur le brasero comme dans un opéra de campagne. Le chef Michel Hulin et ses équipes ont assuré le prélude, pendant qu’un trio gipsy-folk posait la bande-son. Ambiance « douceur sous les oliviers », version gastronomique.
Puis vint l’heure du souvenir. Jean-André Charial, figure discrète mais pilier de cette épopée culinaire, a retracé les grandes lignes de l’aventure familiale : le fondateur Raymond Thuilier, le passage de relais, et l’arrivée de Glenn Viel, aujourd’hui chef triplement étoilé. Un récit de transmission plus solide qu’un socle de marbre.
Dans l’après-midi, direction La Truffière, nouveau jardin né de la collaboration Charial-Viel. Là, les chefs invités ont laissé une trace — littéralement. Une empreinte dans l’argile, façon Hollywood provençal. Pas de tapis rouge, mais du calcaire et des cigales. On croise Pierre Gagnaire, Stéphanie Le Quellec, Pierre Hermé ou encore Arnaud Donckele. Un casting trois étoiles, ambiance terre à terre.
Un film a ensuite été projeté dans les majestueuses Carrières des Lumières, retraçant les huit décennies de la maison. On y parle de passion, de terroir, de tables dressées avec amour. Pas un mot sur les réseaux sociaux.
Le soir, retour à l’Oustau pour un dîner d’anthologie. Glenn Viel à la baguette, une brigade au garde-à-vous, et un menu hommage à la tradition, avec en pièce maîtresse le mythique gigot d’agneau rôti. Le final ? Une fresque sucrée de Brandon Dehan, un happening pâtissier qui ferait pâlir les défilés de mode.
Et parce qu’on ne fête pas 80 ans tous les jours, un ballet de drones a embrasé le ciel. Quelques étoiles artificielles de plus au-dessus des Alpilles, comme un clin d’œil à celles qui brillent depuis si longtemps dans les assiettes de Baumanière.
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