On a failli sortir les bottes en caoutchouc. Le ciel s’était chargé de gris, comme pour rappeler que l’élégance aime les contrastes. Le 6 juillet dernier, dans la cour discrète et pavée du 16 rue Vivienne, la pluie s’est invitée au rendez-vous. Mais chez Celine, rien n’est laissé au hasard.
Un immense foulard, suspendu dans l’air comme une voile au-dessus des têtes, protégeait les silhouettes et les regards. C’était une entrée en matière délicate, presque métaphorique. Celine parle de vêtements — mais aussi de mémoire, de transmission, de gestes anciens.
Pour son premier défilé à la tête de la maison, Michael Rider a choisi le murmure plutôt que le manifeste. Une collection pensée comme un dialogue, ou un journal intime. Rien de tapageur, tout est là, pourtant : la couture invisible, les coupes nerveuses, les matières qui respirent, les détails qui se murmurent à l’oreille. Michael Rider, qui fut l’œil de l’ombre de Phoebe Philo durant une décennie, connaît la maison par cœur. Il en active les souvenirs sans les figer.




Le vestiaire d’une ville, d’un corps, d’un souvenir
Celine printemps-été 2026 n’est pas une simple collection, c’est une proposition de récit vestimentaire. Trenchs à peine boutonnés, pantalons courts qui frôlent les chevilles, chemises dont les poignets s’échappent : tout est pensé pour bouger, se froisser, vivre. On devine les matins pluvieux, les soirs trop chauds, les marches rapides sur les trottoirs, les corps qui s’aiment ou s’oublient.
La palette est feutrée, sourde, parfois piquée de lumière. Le noir et le beige murmurent, puis soudain une maille éclate, une basket blanche griffe le pavé, une robe se pare de couleurs comme d’un sursaut. Les silhouettes glissent, rapides, sur The Cure. Il y a du spleen dans l’air, mais aussi de la joie.
L’art du détail, l’élégance du souvenir
Le défilé compte 72 passages, mais ce sont les détails qui restent. Une manche constellée de petites amulettes métalliques. Des foulards glissés dans des nuques humides. Des éléphants miniatures accrochés aux sacs — souvenir crypté d’un logo oublié. Une robe faite d’étiquettes, comme un patchwork de ce que l’on porte, de ce que l’on cache.
Michael Rider, sans forcer, redonne à Celine une voix à la fois ancienne et neuve. Il ne dessine pas un personnage, mais un mouvement. Ce n’est ni une Parisienne figée ni un archétype publicitaire. C’est une personne réelle, en marche. Une femme, un homme, un être — peu importe. Ce qui compte, c’est le foulard, la pluie, le geste. Ce qu’on en fait, surtout.
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