Le 78e Festival de Cannes s’est achevé samedi soir sur une note juste, en sacrant Jafar Panahi et son long-métrage Un simple accident, Palme d’or d’une édition marquée par l’engagement et la résilience artistique. Le film, tourné clandestinement en Iran, s’impose comme une puissante allégorie politique, évoquant la tentation de vengeance chez d’anciens détenus face à leur ancien tortionnaire.
L’émotion était palpable lors de la cérémonie, animée par Juliette Binoche, présidente du jury, qui a salué « le courage et la maîtrise d’un cinéma libre, au cœur même de l’oppression ». Assigné à résidence et emprisonné à deux reprises par les autorités iraniennes, Jafar Panahi n’avait pas mis les pieds à Cannes depuis quinze ans. Sa venue cette année, rendue possible grâce à une levée de restrictions de sortie temporaire, fut l’un des temps forts du festival.
Le Grand Prix a été attribué à Joachim Trier pour Valeur sentimentale, un drame intimiste dans la veine du cinéaste norvégien, salué pour sa délicatesse et sa profondeur émotionnelle.
La soirée a également été marquée par la révélation de Nadia Melliti, 23 ans, récompensée du Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans La Petite Dernière, de Hafsia Herzi. Issue d’un casting sauvage, la jeune actrice y incarne une adolescente musulmane en pleine découverte de son identité sexuelle. Le film est tiré du roman autobiographique de Fatima Daas.
Côté masculin, c’est Wagner Moura, bien connu pour son incarnation de Pablo Escobar dans la série Narcos, qui s’est vu remettre le Prix d’interprétation masculine pour L’Agent secret. Dans ce thriller politique haletant, il joue un professeur pourchassé sous la dictature brésilienne, signant ainsi son grand retour au cinéma national.
Parmi les autres prix notables : les frères Dardenne ont décroché leur second Prix du scénario, avec Jeunes mères, et le Prix du jury a été attribué ex æquo à Oliver Laxe pour Sirat, et à Mascha Schilinski pour Sound of Falling, deux œuvres audacieuses et radicales.