On attendait une renaissance. On a eu un crash-test. Ce dimanche 5 octobre 2025, Duran Lantink a présenté sa première collection pour Jean Paul Gaultier, et comment dire… Si la mode est un cirque, celui-ci tient plutôt du clown.
En avril dernier, la maison Jean Paul Gaultier annonçait la nomination de son nouveau directeur artistique : Duran Lantink, créateur néerlandais adulé par les institutions, doublement primé (ANDAM 2023, LVMH 2024), et supposé représenter la relève “éthique et disruptive” de la mode européenne. Autrement dit, l’élu qui devait réconcilier la couture avec la conscience écologique et l’avant-garde conceptuelle.
Sur le papier, tout y était : un parcours arty, un goût pour l’upcycling, une réputation d’enfant terrible — ça tombait bien, il reprenait la maison du plus célèbre “enfant terrible de la mode”.
Sauf qu’entre l’original et la copie, il y a un gouffre, et Duran Lantink vient d’y tomber tout habillé.
Une collection qui pique les yeux
Le décor était prometteur, la musique tapait fort, le public oscillait entre journalistes blasés et influenceurs surexcités. Et puis, les looks sont passés, un par un.
Patchworks improbables, corsets sans structure, bustiers asymétriques façon bricolage du dimanche… On aurait dit un hommage au Gaultier des années 1990 réalisé par un algorithme sous acide.
Oui, Jean Paul Gaultier aimait la provocation. Mais il savait l’embellir. Chez Duran Lantink, la provocation se transforme en performance gratuite, la sensualité en malaise textile. Résultat ? Ni drôle, ni beau, ni même intéressant. Juste… embarrassant.
Certains y verront un manifeste. D’autres, un accident industriel.
La Fashion Week et ses illusions d’optique
Le plus fascinant dans cette histoire, c’est la réaction du public.
Dans les premiers rangs, on applaudissait poliment, on hochait la tête d’un air entendu, on murmurait des “c’est audacieux” comme on dirait “c’est comestible” à propos d’un plat raté. L’industrie de la mode, fidèle à elle-même, préfère s’aveugler plutôt que d’admettre l’évidence : le roi est nu, et ses pantalons sont mal coupés.
Cette complaisance n’est pas nouvelle. Elle est même devenue un code vestimentaire. Il faut applaudir, liker, valider. Bêtement, parfois. Car dans la mode contemporaine, l’échec n’existe plus — seulement les “propositions intéressantes”.





