À Osaka, Louis Vuitton déploie grand luxe et nostalgie dans une exposition géante célébrant son amour historique pour le Japon. Mille objets, un shogun, Hokusai, des samouraïs et des sacs qui tournent : bienvenue dans “Visionary Journeys”.
Quand Louis Vuitton part en voyage, ce n’est jamais léger. Pour marquer l’Exposition universelle de 2025, la griffe au Monogram s’offre un passage en fanfare au Nakanoshima Museum of Art, à Osaka, avec une exposition aussi dense qu’un coffre ancien fermé à double tour. Visionary Journeys retrace 170 ans de maison, 150 ans d’amour (assumé) pour le Japon, et près de 1000 objets déballés pour l’occasion, dont 200 pièces exclusivement japonaises. Ce n’est plus une expo, c’est un périple à travers l’histoire du goût, du style et du dialogue interculturel.
L’exposition s’organise en douze salles comme autant de chapitres d’un carnet de voyage. L’une des plus frappantes : “Louis Vuitton in Japan”. On y découvre entre autres un nécessaire de toilette inspiré des tsubas, ces gardes de sabres samouraï devenues objets de design pour globe-trotteurs chics. Le choc des époques, l’élégance des formes.




À deux pas, une estampe de Hokusai datant de 1833 (la cascade de Kirifuri) voisine avec un puzzle ancien commandé par Sacha Guitry — même motif, même vague d’esthétisme. Mention spéciale à une vitrine de 1921, en forme de jardin japonais, conçue pour célébrer la venue du futur empereur Hirohito à Paris. Oui, Gaston-Louis Vuitton savait recevoir.
Japon, mon amour
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette fascination ne date pas de la dernière collab’ avec un artiste tokyoïte. Elle remonte à 1874, quand un certain Sameshima Naonobu, diplomate japonais, devient le tout premier client japonais connu de la maison. Portrait et registre de comptes à l’appui, l’exposition sort les preuves. Plus tôt encore, dès l’Exposition universelle de 1867, la famille Vuitton commence à collectionner des œuvres japonaises. Coup de foudre confirmé.

Le Monogram, ce motif qui cache un kimono
Le mythique Monogram de 1896 n’échappe pas au regard historien. Et si ses fleurs stylisées, souvent attribuées à la tradition européenne, avaient en fait un petit parfum d’estampe japonaise ? C’est ce que l’exposition explore en comparant notamment un coffre ayant appartenu au shogun Tokugawa (prêté par le musée Guimet) et les motifs emblématiques de Vuitton. Le clou : l’échantillon original du dépôt de modèle Monogram, exposé pour la première fois, dans une salle circulaire constellée de sacs tournant autour de lui comme des planètes autour du soleil. Oui, il y a du cosmos dans la maroquinerie.
Murakami, Abloh, Ghesquière : la suite d’un manga mode
Impossible de parler Japon sans évoquer les créateurs et artistes contemporains qui ont prolongé la romance. De Takashi Murakami, premier invité à “vandaliser” la toile Monogram en 2002, à Virgil Abloh et ses sacs inspirés des carpes Koi, en passant par Kim Jones et ses silhouettes kimonoïdes, ou Nicolas Ghesquière et ses robes aux allures de guerrières nippones, tous ont injecté un peu de Tokyo dans le vestiaire de la maison.
On croise aussi dans l’exposition des pièces nées de collaborations cultes avec Comme des Garçons, Hiroshi Fujiwara, Kansaï Yamamoto, ou Nigo. Plus qu’un simple clin d’œil, une conversation culturelle au long cours — où l’art du voyage se mêle à celui de la rencontre.
“Visionary Journeys” — jusqu’au 17 septembre 2025 au Nakanoshima Museum of Art, Osaka. Plus de renseignements sur louisvuitton.com





