Margaret Qualley est en train de devenir l’un des visages les plus intrigants du cinéma contemporain. Vendredi dernier, elle était sur la Croisette pour défendre Honey Don’t!, nouveau long-métrage d’Ethan Coen, présenté en clôture des Séances de Minuit au 78ᵉ Festival de Cannes. Une comédie noire et décalée où elle campe une détective aussi élégante qu’intrépide.
Quelques semaines plus tôt, c’est sur la scène du Dolby Theatre à Los Angeles que Margaret Qualley faisait sensation. Lors de la 97ᵉ cérémonie des Oscars, elle livrait une performance chorégraphiée remarquée, sous la direction de la célèbre Mandy Moore. En robe rouge incendiaire, elle incarnait une James Bond Girl moderne, mêlant grâce et puissance. Un clin d’œil assumé à sa première passion : la danse.
Avant de percer à l’écran, Margaret Qualley s’est formée comme ballerine. Elle a longtemps rêvé de Broadway avant de se tourner vers le cinéma. Cette rigueur artistique transparaît aujourd’hui dans chacune de ses apparitions.

De Kenzo à Tarantino, une ascension atypique
Le grand public la découvre en 2016 dans une publicité devenue culte : Kenzo World, réalisée par Spike Jonze. Danse débridée, regards fous, gestes incontrôlés : sans un mot, elle impose son magnétisme.
Elle débute au cinéma en 2013 avec Palo Alto de Gia Coppola. Mais c’est en 2019 qu’elle marque un grand coup, dans Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino. Elle y interprète Pussycat, adolescente trouble liée à la Manson Family. Un rôle ambigu qui brise l’image de “fille de” (elle est la fille de l’actrice Andie MacDowell) et révèle une actrice audacieuse.
Une filmographie entre drame social et cinéma expérimental
En 2021, Margaret Qualley impressionne dans Maid, mini-série Netflix inspirée de faits réels. Elle y incarne une mère célibataire luttant pour sortir de la précarité. Le rôle lui vaut des éloges critiques et un statut d’actrice capable de porter un projet à elle seule.
Elle enchaîne avec deux collaborations marquantes avec le réalisateur grec Yórgos Lánthimos : Poor Things (2023), où elle interprète une créature hybride aux côtés d’Emma Stone, puis Kinds of Kindness (2024), triptyque étrange et déroutant présenté à Cannes.
Autre moment fort : The Substance de Coralie Fargeat, thriller de body horror dans lequel elle partage l’écran avec Demi Moore. Margaret Qualley y joue une version “idéale” d’une star déchue, dénonçant la tyrannie des standards de beauté. Une performance viscérale, saluée dans les festivals.

Honey Don’t! : le goût du chaos
Avec Honey Don’t!, Margaret Qualley retrouve Ethan Coen, ici en solo, dans un univers absurde et stylisé. Elle y incarne Honey, détective aussi glamour que redoutable, qui navigue dans un récit aux accents pulp et féministes. Un rôle taillé sur mesure, entre comédie et ironie.
L’actrice y confirme sa capacité à faire cohabiter légèreté et profondeur, dans des récits souvent décalés mais toujours engagés.

Une actrice qui n’a pas fini de surprendre
Margaret Qualley poursuit un chemin singulier dans un Hollywood en pleine mutation. Loin des rôles stéréotypés, elle choisit des projets exigeants, souvent dérangeants, qui bousculent les codes.
Danseuse, actrice, performeuse, elle fait partie de cette nouvelle génération d’interprètes capables de tout jouer, sans jamais se laisser enfermer. Une étoile montante ? Non. Une actrice déjà incontournable.