Alors que la mode masculine printemps-été 2026 dévoile ses récits en mouvement, trois créateurs dessinent chacun à leur manière un territoire d’exploration sensible.
La Fashion Week masculine dévoile pour la saison Printemps-Été 2026 trois collections qui, chacune à leur manière, brouillent les frontières entre mode, art et narration.
À travers des défilés conceptuels et chargés de symboles, AMIRI, Sean Suen et Bluemarble proposent des visions sensibles, presque cinématographiques, du vêtement. Un été sous le signe du récit incarné.
AMIRI : un hôtel pour décor, la mémoire pour matière
Mike Amiri transporte la mode bien au-delà du vestiaire : direction le Château AMIRI, un hôtel imaginaire où chaque silhouette devient un personnage, chaque détail un souvenir. Le créateur californien s’inspire de la culture visuelle hollywoodienne, de l’esprit bohème de l’artiste Wes Lang et de l’atmosphère mythique du Château Marmont pour créer une collection entre fiction et réalité.
Le concept ? Un lieu de croisement, de passage, où se mêlent artistes, voyageurs, musiciens. Le vêtement y joue le rôle de vecteur narratif. Jacquards texturés, soies peintes comme des aquarelles, broderies évoquant les clés d’une chambre ou les fauteuils patinés du hall : la collection regorge de références à l’hôtellerie comme théâtre de vie. Amiri signe ici une collection luxueuse mais habitée, qui évoque autant l’élégance décontractée de Los Angeles que le raffinement d’un monde en mouvement.




Sean Suen, quand le rêve devient vêtement
Le créateur chinois Sean Suen poursuit son exploration d’une mode introspective et poétique. Cette saison, il puise dans une émotion suspendue, celle d’un garçon assoupi à son bureau, entre veille et sommeil, dans une pièce silencieuse baignée par la musique de Debussy. À partir de cette image mentale, il construit une collection délicate et presque intangible.
Couleurs floutées, superpositions de matières fluides, coupes déstructurées : tout semble appartenir à un univers onirique et vaporeux. Le vêtement devient une seconde peau, traduisant une intériorité flottante. Les silhouettes ne cherchent pas à impressionner mais à suggérer, laissant volontairement des brèches dans la narration, comme autant de portes ouvertes sur l’imaginaire. Une approche quasi musicale du design, où chaque détail devient note, chaque pli, souffle.




Bluemarble, l’équilibre des contraires
Chez Bluemarble, la collection Printemps-Été 2026 s’inspire d’un lieu bien réel : le Mont Faron, dans le sud de la France. Mais c’est le moment de transition — celui d’un téléphérique entre ciel et terre — qui fascine le directeur artistique Anthony Alvarez Graff. Il y voit un espace de tension fertile, entre force et fragilité, lumière et altitude, protection et exposition.
Les pièces traduisent cette dualité : organza et denim, perles de verre et broderies artisanales, lurex scintillant sur des coupes pratiques. Les imprimés botaniques et les inscriptions comme “Mother” confèrent à l’ensemble une dimension symbolique, presque mystique. Plus qu’une simple collection, Bluemarble propose une topographie du sensible, où chaque silhouette devient un pont entre deux mondes.




À l’heure où la mode cherche à se réinventer, ces trois propositions tracent la voie d’un futur plus incarné, où la poésie côtoie la précision, et où chaque vêtement raconte, à sa manière, une histoire.