Adieu Annie Hall, adieu les chapeaux : Diane Keaton s’en est allée, laissant derrière elle un vestiaire plus libre que mille discours féministes.
Diane Keaton n’est plus. Et quelque part, dans un dressing blanc et noir, une cravate pleure doucement. L’actrice américaine, 79 ans, s’est éteinte le 11 octobre. L’icône d’Annie Hall s’en va, mais son style — mi-dandy, mi-poète new-yorkaise — continue d’enfiler des vestes trop grandes et des chemises boutonnées jusqu’en haut, quelque part dans nos imaginaires.
Il y a un an à peine, Diane Keaton publiait Fashion First (Rizzoli), un livre photo préfacé par Ralph Lauren, où elle décortiquait son rapport à la mode avec autant d’autodérision qu’un stand-up new-yorkais :
J’avais 18 ans dans les années 1960, la rébellion consistait en un eye-liner épais et des jupes courtes… Et plus la jupe est courte, mieux c’est.
Spoiler : elle finira par préférer les pantalons.

Frange, Bardot et désillusion capillaire
Avant d’être une icône, Diane voulait ressembler à Brigitte Bardot. La frange, les bandeaux, le rêve français : tout y passe. “Je rêvais de lui ressembler”, avouait-elle. Sauf qu’à la place de Saint-Tropez, elle hérite de Broadway, d’un rôle dans Hair, et d’un instinct vestimentaire que même les rédactrices mode n’osent pas imiter sans un quart d’heure d’hésitation.
Un style taillé pour la rébellion
Les années 1970 arrivent, et Diane Keaton dit adieu au look baby Doll. Exit les robes sages : place aux vestes de mec, aux pantalons larges et aux lunettes gigantesques. Ce n’est pas un look, c’est une révolution textile.
Harper’s Bazaar la photographie, Ralph Lauren l’observe, et Woody Allen lui tend un Oscar. Le reste appartient à la légende.
Le mythe Annie Hall naît à ce moment-là : un personnage vêtu comme un poète désordonné qui aurait piqué ses fringues à son amant, mais en mieux. Ralph Lauren jure que ce style était 100 % Keaton :
Le style d’Annie, c’était celui de Diane. Elle adorait les chapeaux, les vestes oversized et les cravates qui tombent. Moi aussi, mais sur elle, c’était de l’art.

Les années 2000 : le grand mix
Dans Fashion First, Diane Keaton s’amuse à revisiter ses décennies de looks : un peu de pois 80’s, quelques cravates 70’s, des colliers 90’s et beaucoup (mais alors beaucoup) de noir et blanc. Elle appelle ça “ma garde-robe pour le reste de ma vie”.
C’est sa version du minimalisme : un vestiaire impeccable, avec juste ce qu’il faut d’excentricité pour rappeler qu’elle n’a jamais suivi les règles.
Diane Keaton, influenceuse avant Instagram
Bien avant que les hashtags ne fassent la loi, Diane Keaton avait déjà tout compris : un style personnel, reconnaissable entre mille, zéro compromis. Elle a inspiré Sarah Jessica Parker, Kris Jenner, et toutes les femmes qui ont un jour ouvert le placard de leur mec en se disant :
Et si je mettais sa chemise, juste pour voir ?
Résultat ? Ça marche à tous les coups. Enfin, sauf si vous oubliez le chapeau.
L’héritage d’une rebelle élégante
Diane Keaton n’a jamais cherché à être belle — elle a préféré être elle-même. C’est pour ça qu’elle restera éternelle. Une femme qui a fait du style une conversation entre liberté et panache.
Et franchement, si le paradis existe, on espère qu’elle y est entrée avec un nœud papillon mal noué et un sourire en coin.
Fashion First, de Diane Keaton (éd. Rizzoli), 304 pages, préface de Ralph Lauren. À lire comme un album photo, un manifeste, ou un tutoriel pour oser être soi — avec humour et un chapeau.





