Ils sillonnent le monde à bord de vans, 4×4 ou camping-cars, en solo ou en famille. Ces nouveaux nomades remettent en question le modèle sédentaire dominant et cherchent, sur les routes, un mode de vie plus libre, plus sobre, parfois plus engagé.
Ils sont de plus en plus nombreux à quitter le confort de la stabilité pour une vie en mouvement. En Australie, Cass, 23 ans, a transformé un voyage en une nouvelle manière de vivre. Partie pour un an à bord d’un van vintage, elle continue de sillonner le pays depuis plus de quatorze mois.
Ce qui devait être une expérience est devenu un mode de vie à part entière, basé sur la liberté et une flexibilité absolue
explique-t-elle depuis la Tasmanie.
Comme beaucoup, Cass évoque aussi des raisons économiques. En Australie, les loyers atteignent des sommets, et le rythme de vie urbain pousse certains à chercher des alternatives. Le van devient alors un refuge mobile, un moyen de reprendre la main sur son quotidien.
Une critique des sociétés modernes
Au-delà de l’aspect pratique ou romantique, ces nouveaux nomades expriment souvent un malaise face à un monde globalisé, consumériste, qu’ils ne reconnaissent plus. Illiès et Camille, fondateurs du projet Les Artisans de Demain, sont partis il y a sept ans à bord d’un 4×4 équipé pour l’autonomie totale. Leur objectif : rencontrer et filmer des communautés qui proposent des alternatives concrètes au modèle dominant.
Au départ, nous étions assez désillusionnés sur l’avenir de notre planète. Nous sommes partis en quête d’histoires qui montrent un monde meilleur
expliquent-ils.
Leurs documentaires les ont menés de l’Himalaya, auprès du peuple Wakhi, à l’île grecque d’Ikaria, connue pour la longévité exceptionnelle de ses habitants.
Aujourd’hui, ils vivent auprès de la tribu Thiama, entre l’Arabie Saoudite et le Yémen. Les “hommes-fleurs”, comme on les appelle, perpétuent des traditions ancestrales et arborent des couronnes végétales comme signe d’identité culturelle.
Une école de la vie pour les enfants
D’autres optent pour le nomadisme en famille. Les Américains de Mali Mish, sur la route depuis 2008, parcourent le monde avec leurs trois enfants, âgés de 2 à 15 ans. Loin d’être un frein, la parentalité devient un moteur du voyage.
Le voyage les a formés en tant qu’individus, avec les impératifs qu’il impose : être ouverts, accepter les autres, être aventureux…
témoigne le père.
Scolarisés à distance, les enfants poursuivent leur apprentissage en parallèle des expériences vécues sur le terrain. « Nous restons leur noyau dur, même si tout change autour d’eux », ajoute-t-il. La famille a visité 49 États américains, 47 pays et se dirige désormais vers l’extrême sud de l’Amérique latine, à Ushuaïa.
Un phénomène mondialisé
Le hashtag #vanlifediaries rassemble aujourd’hui des centaines de milliers de publications. Il illustre l’essor de cette communauté mondiale de voyageurs en quête de sens, de lenteur, d’espace et parfois de reconnexion avec la nature.
Mais ce mode de vie n’est pas exempt de paradoxes. Certains dénoncent une esthétisation excessive du quotidien nomade sur les réseaux sociaux, parfois loin des réalités : précarité, isolement, fatigue logistique… D’autres y voient une vraie révolution silencieuse, un indicateur d’un basculement sociétal à venir.
En rupture avec la norme, ces nomades modernes tracent leur route entre utopie et nécessité. Une façon de vivre qui, loin d’être marginale, devient une réponse contemporaine à une société en quête de nouveaux repères.